Tenant compte de l’idée conventionnelle que nous nous faisons d’une bibliothèque, il est nécessaire de se situer dans le contexte : dans nos communautés, il n’y a ni électricité, ni services d’eau potable ou d’aqueduc. Dans plusieurs de ces communautés, les familles réussirent à s’alimenter une fois par jour avec le peu qu’elles soutirent de leur terre. Malgré le fait que les statistiques disent le contraire, dans plusieurs localités (caserios), plus de la moitié de la population ne sait ni lire ni écrire et si, d’une quelconque manière, certains apprennent à lire et écrire, ils auront tôt fait d’oublier, et ce, en raison du peu de pratique et du manque de matériel de lectures appropriées ou accessibles à eux.
Bien qu’ils garnissent, par leur travail, toutes les tables du pays, les paysans reçoivent des prix ridiculement bas pour leurs produits.
Cajamarca
Cette ville se situe dans la sierra nord (espace montagneuse) du Pérou et elle est considérée comme un des endroits les plus affligés du pays. On l’appelle la « pauvreté très pauvre » et ça, c’est bien plus qu’un nom pour ceux qui ont faim. Pourtant, Cajamarca produit 78 % des lentilles qui se consomment partout au Pérou. Des trente-trois mille tonnes métriques de haricots secs (arvejas) qui se produisent au niveau national, Cajamarca en produit 37 %; elle produit aussi 30 % des 120 000 tonnes métriques de café, presque 25 % des réserves de soja et près de 20 % des 230 450 tonnes métriques de maïs amylacé (contenant de l’amidon).
Incluant le lait et l’or, aucun département ne dépasse la quantité de ces produits dans tout le Pérou. Cajamarca produit aussi le tiers de tout l’ail du pays et occupe la seconde place dans la production de riz (16,6 %), de l’oca, un type de tubercule (16 %), de haricots secs (14,3 %) et de blé (12,1 %). Elle détient la troisième place dans la production de papayes (17,3 %), du maïs « choclo » (12 %) et du haricot vert (arveja verde) (11 %), ainsi que la quatrième place dans la production du yucca (manioc) (9,1 %) et le cinquième rang dans la production des pommes de terre (8 %).
Néanmoins, à Cajamarca, la carence « du pain quotidien » frappe plus de 80 % de la population. Les statistiques officielles disent que la dénutrition affecte 65,5 % des enfants et que chaque année, 52 enfants sur 1000 meurent avant d’atteindre leur première année de vie. Même encore, dans plusieurs provinces, c’est presque les 80 % qui souffrent de l’absence de repas. Les statistiques disent aussi que dans certains endroits, près de 20 % des personnes ne sait ni lire ni écrire, surtout les femmes. En général, 10 % des jeunes âgés de 15 à 17 ans sont analphabètes. Il s’agit d’un « département à faible développement éducatif », disent les experts. La vérité c’est que Cajamarca est encore plus pauvre depuis que son territoire est librement exploité par les compagnies minières les plus riches du continent.
Aujourd’hui, d’une certaine manière, ce sont nous les « flagellés de l’histoire », les marginalisés de la macroéconomie, les ignorés par la science officielle. Malgré tout, nous sommes présents, ici : nous ne voulons pas être considérés en tant qu’objets d’étude, mais en tant que sujets de notre propre destinée et en tant que protagonistes d’un chemin construit a punta de fuerza y alma.
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