mardi 24 octobre 2017

Cheminement dans Santa Cruz II



(Notes d’Alfredo Mires Ortiz; visite à la zone de Santa Cruz. Septembre 2017)

Dans la communauté de Poroporo l’assemblée a décidé que le directeur de l’école serait en charge de la bibliothèque, à tour de rôle avec les autres professeurs.  

On avait pas encore terminé de signer l’accord que les habitants commençaient à demander des livres.
Dans l’éducation en Amérique latine, deux écoles cohabitent en quelque sorte: celle que le système impose, régit contrôle, discipline et oblige et celle de l’âme indomptable des villages qui résiste, se cabre, digère, défie, contraste, débat, conteste, affronte et tire profit. 

Les indiens n’ont jamais été vaincus: ils nous ont écrasé les formes et les verbes, ils ont incendié nos maisons et forêts, ils ont amputé les mains et poignardé le visage, ils ont percé à coup de lance le cœur et ont enchaîné les jambes, mais la fécule s’est maintenue, le spermatozoïde a esquivé la faux, la terre a amassé les ovules, l’ADN s’est blotti et caché , la graine a attendu la pluie, le sillon a fait naître la révolte.  



dimanche 22 octobre 2017

Cheminement dans Santa Cruz


(Notes d’Alfredo Mires Ortiz; visite à la zone de Santa Cruz. Septembre 2017)
Cela faisait un bon moment que nous communiquions avec le professeur Luis Calderón, prof de Poroporo et Catache, dans la province de Santa Cruz.

Que ce soit à cause de la distance ou du temps – comme nous sommes très peu à l’équipe centrale du Réseau – nous ne nous étions jamais réunis avec des habitants de cette zone… jusqu’à ce mois de septembre. 

La nuit de la reunion dans la communauté de Poroporo devait rassembler environ 80 personnes. Tous étaient revenus de leur travail au champ, se préparant à se reposer ; tous sont venus curieux de savoir ce que sont les bibliothèques rurales. 

Nous autres, nous n’allons pas où ne nous sommes pas invités. Le fait d’arriver « comme institution » pour commencer un projet a un goût d’invasion, comme si « les conscients » savaient à l’avance ce dont les « paysans retardés » ont besoin.  

Et voilà donc que nous marchions, parlant, contant ce que nous faisons, et laissant ouverte la possibilité qu’ils forment leur propre bibliothèque : la décision, à la fin , doit être de la communauté et souveraine.
Beaucoup de doute flottait: l’histoire de nos villages est un cumul d’absences et de promesses non tenues. Le livre a toujours été quelque chose d’étranger et, quand il a été, un voisin abusif ou irrésolu.
Et là j’ai commencé à lire un de nos livres, ceux qui tentent d’être une extension de nos vieilles réunions ; ces livres qui sont nés de notre propre semence et de notre propre plantation.

Maintenant, les yeux avaient changé :
-       "J’ai besoin de ces livres pour mes enfants – m’a dit une habitante. Viens dans ma communauté : nous ne sommes pas timides là-bas, nous sommes décidés".

Cette nuit-là s'est formée la première bibliothèque rurale dans le province de Santa Cruz.
Comment cela se fait que nous ne soyons jamais allés là-bas en 46 ans d’existence ? Cela n’est pas la question : ces cheminements sont toujours nouveaux. 

En lisant Yossy



Mon nom est Yossy Katherine Carranza Guevara, j’ai 17 ans et je suis de  San Luis de Lucma, de la province de Cutervo.
La lecture pour moi est une magie: quand je lis ou prends un livre il me submerge de ses paroles. IL y a des paroles qui me font rire, ou d’autres pleurer. La lecture est ma vie parce que cela m’enchante de lire : c’est incroyable de plonger dans ces contes et de m’étonner que j’en sois l’auteure.

Les Bibliothèques rurales m’ont beaucoup aidé parce que l’un de mes principaux inspirateurs fut le coordinateur de ma zone, apportant ses livres. Avec mes amis, nous avons lu et c’est ici que j’i découvert que la lecture m’enchantait, me passionnait. C’est pour cela qu’aujourd’hui ma lecture est ma passion.
Cela me fait de la peine que beaucoup de gens n’accorde pas d’importance à la lecture ; beaucoup préfèrent aller sur internet et tout ça, alors qu’ ils pourraient lire des œuvres.  Mais ils ne lisent pas et achètent des films et les regardent à la télévision.

Là, nous avons un grand défi.