jeudi 30 septembre 2010

Le plaisir du travail collectif

On appelle minka ou minga l’ancienne forme de travail communautaire, volontaire.
À la mi-septembre, quand nous sommes partis de la zone de Bambamarca, nous avons eu la chance de visiter la famille de notre coordonnateur général, Javier Lara Huamán. Ils étaient en train de construire une maison de ñun-ñun, tout en haut de la jalca1, en prévision du changement de saison et pour avoir toujours de l'herbe à donner à leurs vaches.
Quand je suis arrivé, ils étaient en train de déjeuner et quelle ne fut pas ma surprise de  les retrouver avec tous leurs parents et amis. Ils étaient en train de manger dans le champ, parce que la nouvelle maison était en pleine construction; ils cuisinaient aussi en plein air et les mingueros (les bénévoles de la collectivité qui participent à la minga) passaient la nuit sous un petit toit provisoire.
Après avoir terminé le déjeuner, tout le monde s'est remis au travail : certains mouillaient la terre pour faire de la boue pour le pisé2 (en espagnol, tapial), d'autres coupaient le foin ou plaçaient des pierres, tandis que les autres transportaient la terre humide pour le mettre dans le tapialera. Pendant que plusieurs tapaient la terre et arrangeaient les rebords de la boue, les femmes lavaient la vaisselle, réparaient leur cuisinière, puis venaient donner un coup de main comme elles le pouvaient.
Bien que le travail était dur, ça semblait être une vraie partie de plaisir.
Quelques jours auparavant, j’avais été dans la ville de Bambamarca, où je me suis réuni avec « Juanita » et les parents de cinq coordinateurs de notre programme communautaire. Nous avons parlé, nous nous sommes souvenus de comment était le temps des semences, du nettoyage et les coutumes. Il était clair que nous apprenions les uns des autres. Tout le monde contribuait au tout.
Doña Auristela savait quel remède donner aux plus jeunes quand ils avaient mal à l'estomac, doña Maria savait comment faire en sorte que les pommes de terre poussent mieux; doña Consuelo connaissait des exercices pour que les enfants marchent plus vite; et ensuite, nous avons partagé la cancha – le maïs – que doña Julia avait apportée.
Cela aussi ça la minga : une fête joyeuse. Une sagesse partagée, solidaire.
Et c'est comme ça que nous aimons travailler.
 
Rita Mocker, Programme communautaire du Réseau des bibliothèques rurales


1 Note du traducteur : Le mot jalca signifie [en construction]
2 Note du traducteur : Le pisé est un système de construction en terre crue dont l’usage est très répandu en Amérique latine.

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