dimanche 23 décembre 2012

Rassemblement national des écrivains



Dans le milieu du mois dernier a eu lieu à Cajamarca la XIe réunion nationale des écrivains « Baquerizo Manuel Jesus ». Il s'agit d'un événement organisé chaque année par la Writers Guild of Peru.
Il y a eu une participation massive des écrivains des environs de Cajamarca et de différents départements du pays.
Notre ami Alfredo Mires a été invité à donner une conférence et a présenté « Jusqu'à ce que les gens comptent eux. Réflexions à partir de la tradition orale et la littérature"

Nous citons ici quelques extraits:

Un jour comme aujourd’hui, dans l'après-midi du 16 novembre 1532, a eu lieu ici à Cajamarca ce qu’on appelle la « rencontre » entre Francisco Pizarro et l'Inca Atahualpa. À Cajamarca, comme l’avait dit Neruda dans son "Canto General", « l’agonie commença » : ce fut aussi le jour où arriva l'écriture au monde andin avec des airs d’arrogance et de la puissance irréfutable...

Le livre s’est instauré dans nos terres avec des notes de césarisme, comme une attelle intimidante et investie de suffisance. Les formes de communication orale et naturelle dans les Andes ont du faire place brusquement au livre, perçu comme un fétiche de la connaissance étrangère, comme annonciateur de la domination dévastatrice des envahisseurs...

Par la suite, la parole écrite a servi principalement à faire mentir l'histoire des Indiens et à la dépouiller de ses droits traditionnels. Ce n'était pas la loi qui s’écrivait: ce qui s’écrivait était la loi (...)

Malgré tout, notre culture persiste, et persiste même dans des espaces comme le nôtre où non seulement commença la conquête, mais où l'avidité létale pour l'or a renouvelé sa morsure en détruisant la terre, l'eau et les consciences (...)

Pour sa magnifique diversité, son étendu incalculable et sa dispersion stratégique, la tradition orale ne peut être confinée à l'extérieur d’un moule étranger à la communauté. C'est pour cela qu’il n’existe aucune justification pour suppléer, de manière absolue, l'oralité à l'écriture. La tradition orale ne constitue pas un grade inférieur de communication : pour cette culture, non seulement c’est profondément nécessaire. C’est central. C'est le cœur (…).

Ainsi, il est impossible de penser et d'aborder l'oralité isolée de son contexte. La récupération des récits oraux doit tenir compte des éléments qui les rendent possibles. Autrement dit, nous sommes les enfants de ces communautés et nous sommes faits de chakra (terre), donc ignorer la terre c’est porter atteinte aux populations et contre toute la sagesse accumulée de leur relation avec elle.



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