samedi 26 novembre 2011

Politikos et idiotikos

À la fin du mois de juin de cette année, notre ami Alfredo Ortiz Mires a donné une conférence intitulée « Éduquer le scorpion » dans le cadre du I Congrès international et du IX Congrès national d'éducation interculturelle bilingue "José María Arguedas"», à Cajamarca. Voici un extrait, tout à fait pertinent à la lumière des développements récents dans la région :

« Dans la Grèce antique, une nette distinction s'établissait d'emblée entre politikos et idiotikos.
Les politiciens, littéralement, optaient pour la ville, compris à l'époque comme le collectif, les petits villages souverains appelés polis. C'était là les gens concernés par les affaires des États et ce fut de là, précisément, qu'émergèrent le concept et la pratique de la démocratie en tant que doctrine politique dans lequel le peuple participait au gouvernement.

C'est pour cette raison, que celui qui aspirait à une charge publique devait être libre de poussière et de paille et être innocent ou naïf (candide) : de là nous provient le mot “candid-at”... (sans commentaire).

Et c'est pourquoi aujourd'hui, dans le Dictionnaire de la langue française, le mot politique signifie -- en premier lieu-- courtoisie, puis “L'art avec lequel on conduit une affaire”. Opinion ou intervention dans les affaires de l'État ou de la chose publique. »

Les idiotikos, cependant, étaient ceux qui s'occupaient seulement de leurs intérêts privés. Le mot idio signifie « particulier ». Les idiotikos, alors, n'étaient pas intéressés par le bien-être des autres.

Sans entrer dans les détails sur la manière dont se sont transformé les significations ni discuter de l'incroyable coïncidence de l'histoire grecque avec certains contextes nationaux, mais il est important de comprendre que la principale préoccupation de  la politique publique est l'engagement envers le collectif qui la rend possible.

Déjà au XVIe siècle, Thomas More -- qui fut décapité pour avoir dit ce qu'il pensait pour ensuite être converti en saint -- mentionne dans un de ses écrits : «... là où il y a la propriété privée et où tout est mesuré par l'argent, il est difficile de penser que les affaires publiques seront gérées de manière équitable et qu'on y vivra dans la prospérité. »


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