mercredi 4 janvier 2012

"Los ojos de Gabi" en Colombie

Nous avons demandé à notre ami Alfredo Mires de partager ce message qui, il y a quelque temps, a envoyé une copie du livre « Los ojos de Gabi » (Les yeux de Gabi) -- le témoignage d'une petite fille paysanne atteinte de paralysie cérébrale-- à Javier Naranjo, bibliothécaire colombien:

23 décembre 2011

Aujourd'hui, c'est le dernier jour dans la bibliothèque. Cet après-midi, nous serons en vacances; le son des chants de Noël retente. Il fait un soleil splendide et dans la cuisine -- tandis que deux des filles qui travaillent avec nous font des brownies (petits gâteaux au chocolat)-- je lis « Los ojos de Gabi » à la famille: notre groupe de travail, à Valentina et sa mère  Estela, qui sont avec nous en raison des déplacements liés à la violence dans l'un des quartiers de Medellín. Et maintenant, elles nous regardent aussi, avec leurs yeux, qui essaient d'apprendre à lire.

Une forte embrassade cher Alfredo, en cette période de changement (et d'engagement, parce qu'ainsi ce doit être).

Xavier
Bibliothèque et centre communautaire rural - Laboratoire de l'Esprit dans le quartier El Retiro, Antioquia


Sur la cupidité - II


Lecture à partager : texte de l'essayiste Augustin Squella

Si à la même table, dînent un avare et un cupide, le premier résiste à payer sa part de l'addition, tandis que le second pense qu'en payant le propriétaire du restaurant, ses capacités d'acquérir l'endroit s'en voit diminuer. Lorsque le moment du dessert arrive, l'avare apportera dans un sac les restes du dîner afin de pouvoir souper gratuitement le soir venu, tandis que le cupide s'imaginera comment recycler et vendre à quelqu'un d'autre la nourriture qu'il n'a pas été en mesure de consommer.

L'avare a comme prétexte de vouloir faire des économies, mais le cupide dispose de mots qui ont encore meilleure presse pour dissimuler son vice : l'initiative, la capacité de travail, l'ambition, la compétitivité, ce sont quelques-unes des explications convaincantes que peut maintenant offrir un cupide, quand elles ne sont rien de plus que son brutal et incontrôlable appétit pour la richesse.

Personne n'aime les avares ni les cupides, mais un individu normal devrait mieux tolérer les premiers que les seconds, parce que les premiers ne font que rien ne leur donner, tandis que les seconds risquent probablement de leur enlever leurs biens.

Finalement, avares et cupides, mais surtout les descendants de ces seconds, trouvent un terreau fertile dans une société qui a remplacé sa préoccupation pour la pauvreté avec la recherche obstinée de la richesse et qui a essayé de guérir les stigmates des premiers avec la fascination des seconds.