mardi 30 novembre 2010

Agenda 2011

Dans le cadre de la préparation de la célébration des 40 ans de notre Réseau de Bibliothèques Rurales l’année prochaine, nos compagnons Alfredo Mires et Ofelia Vargas ont dessiné l'agenda 2011 (et qui se trouve déjà sous presse) : nous sommes ce que nous sommes [Somos nosotros].

Avec les mois et les jours écrits en quechua et en espagnol, chaque page de cet agenda est illustrée par l'iconographie de Cajamarca (peintures rupestres, lithosculptures, céramiques, etc.) et avec des textes qui encouragent la réflexion, en plus de donner de l’information cruciale sur le contexte.

L'agenda inclut aussi un planificateur annuel, les phases de la lune et quelques pages destinées à un répertoire.

Pukarita

Il y a quelques semaines, en coordination avec le Centre Culturel Yachayhuasi – de la province de Cajabamba–, le Groupe d'Étude de la Préhistoire andine de notre Réseau de bibliothèques a réalisé une marche d'exploration au très ancien centre cérémonial de Pukarita.

Le lieu, assez bien conservé par les difficultés qu’implique l'accès, est l'un des principaux bastions d’art rupestre de Cajamarca, en plus de conserver une faune et une flore qui se trouvent sérieusement menacées de disparition.

Grâce à cette activité, nous nous apprêtons à éditer les données obtenues de cette randonnée, dans un effort de contribuer à la préservation de la mémoire des lieux.

Concert solidaire

Ici, voici des photos du concert solidaire qui a été réalisé à Londres, en octobre dernier, au nom de notre Red et en mémoire de Sara Heery.
Par l’intermédiaire d’Helen Heery, nous faisons parvenir une fois encore notre reconnaissance à sa famille, aux musiciens et aux interprètes qui ont participé au concert, à l'équipe qui s'est chargée de l'organisation et à toutes les personnes qui, à leur manière, ont rendu cet évènement possible.
Ce geste fraternel a une répercussion dans notre âme, dans le fonctionnement de notre institution et sur la propre vie de nos communautés.

mercredi 17 novembre 2010

Paulo Freire et l'engagement

~ Dans le conflit entre le puissant et le dépossédé, le fait de ne pas intervenir ne signifie pas être neutre, mais se ranger aux côtés du puissant.

~ L'engagement serait un mot creux, une abstraction, s'il n'implique pas la décision brillante et profonde de celui qui l'assume. S'il ne se donne pas dans un cadre concret.

~ La première condition pour qu'un être puisse exercer un acte d’engagement réside dans le fait qu’il soit capable d'agir et de réfléchir.

~ Tel il n'y a pas d'homme sans monde, ni monde sans hommes, il ne peut pas y avoir une réflexion et une action en dehors d’une relation homme-réalité...

~ L’engagement envers l'humanisation de l'homme, qui implique une responsabilité historique, ne peut pas être réalisé à travers le bavardage ni à travers aucune autre forme qui cherche à fuir le monde, la réalité concrète, où les hommes concrets se trouvent. L'engagement, comme fondement de l'existence humaine, existe seulement dans ce compromis envers la réalité, dont les « eaux » mouillent, trempent les hommes véritablement engagés.

~ Je ne peux pas bureaucratiser mon engagement de professionnel en servant, dans un investissement de valeurs trompeuses, plus les moyens qu'à la finalité de l'homme. Je ne peux pas me laisser séduire par les tentations mythiques, entre celles-ci celle de mon esclavage aux techniques qui, étant élaborées par les hommes, doivent être ses serviteurs et non ses maîtres.

~ Il n’y a pas d’authentique engagement possible si, à celui qui est se pense engagé, la réalité lui apparaît comme quelque chose de donné, de statique et d’immuable.

~ Si mon engagement est réellement avec l'homme concret, avec la cause de son humanisation, de sa délivrance, je ne peux pas par cela même faire abstraction de la science et de la technologie, avec lesquelles je m’outille pour mieux lutter pour cette cause.

~ Nous sommes convaincus à ce que ce moment historique de l'Amérique latine exige de ses professionnels une réflexion sérieuse sur sa réalité, qui se transforme rapidement, de laquelle son insertion dépend. L'insertion qui, en étant critique, est s’avère être un engagement véritable. Un engagement à faire partie de l’Humanité.

mardi 9 novembre 2010

Revenir à Sainte Anne

Santa Ana, près de Cascas, est le lieu où vit Gabicita, protagoniste du livre des « Les yeux de Gabi ». Ce livre est – d’une certaine manière — un « best-seller » parmi les publications de nos bibliothèques rurales.

Santa Ana est spéciale.

Il y fait chaud, c’est très vert, avec beaucoup, beaucoup de plantes, une rivière impressionnante, des raisins, des papayes, des bananes, des avocats partout et cet air tiède en soirée qui réveille les souvenirs et les conversations.

Revenir à la Sainte Anne m'apporte beaucoup de nostalgie et de force.

C'est le lieu où j'ai été pour la première fois avec Alfredo, Rumi et Mara pour visiter une petite fille du Programme communautaire. C'est là où Alfredo a rencontré les yeux qui ont inspiré le livre. Et c'est là où la grand-mère de Gabi nous a parlé de l'ange que Dieu lui a envoyé chez elle pour la soigner.

Mais Santa Anne est aussi le lieu où la communauté attend, chaque année, notre arrivée pour se réunir pendant le jour et la nuit pour parler de sa santé. C'est là où nous conversons sur les possibilités de nous soigner, de vivre de manière plus saine, de croître ensemble. Ensemble, nous apprenons les uns des autres.

Beaucoup de mes connaissances de médecine naturelle proviennent de ces conversations… et puis je les apporte avec moi, dans mon coeur et mon esprit, à d'autres lieux. J'ai appris des comuneros, de Don Marciano Amaya — notre coordinateur de la zone — et d'Alfredo. Et je sais que ce groupe de familles qui s'est formé à Santa Ana à la suite de ces réunions croît aussi.

Merci Alfredo et Marciano de nous enseigner.

Et je remercie Gabicita de nous inspirer cet apprentissage.

Rita Mocker

 


« Je veux vous demander de lire »

Nous transcrivons ici les extraits du discours que le maître Ernesto Sábato – un écrivain, un essayiste, un physicien et un peintre argentin – a prononcé durant un évènement réalisé en mai 2004 :

Je veux demander aux jeunes, avec l'autorité que me donnent les années, de lire. Moi aussi, quand j’étais un jeune garçon, je lisais, et ce sont les livres qui m'ont aidé à comprendre et à vouloir une vie dans toute sa grandeur. Ce sont eux qui ont semé dans mon âme ce qu’ensuite les années ont pu amplifier. Comme j’ai déjà pu le dire à d'autres opportunités et je le réaffirme ici : la recherche d'une vie plus humaine doit commencer par l'éducation. Comme a pu le souligner Simone Weil, le devoir de la lecture est « de préparer pour la vie réelle, de former l'être humain pour que lui-même puisse entretisser, avec cet univers qui est son héritage, et avec ses frères dont la condition est identique à la sienne, des relations dignes de la grandeur humaine ».
Tant d’années ont passé, mais je conserve encore et toujours le souvenir de mon école de Rojas et de ce collège de mon adolescence où, comme vous, j'ai été conduit au seuil de la pensée et de l'imagination. Avec un mélange de rigueur et de tendresse, nos maîtres et professeurs nous ont appris à chercher la vérité, en même temps que se formaient dans nos esprits des valeurs essentielles. Avec les savoirs qui intègrent l'éducation élémentaire, ceux-ci nous ont transmis quelque chose de l’héroïque épopée de l'homme. Nous nous sentions souvent égarés devant ces événements, sans doute parce que les motifs dépassaient ce que nous pouvions comprendre. Ces récits, remplis de danger et passion, réussissaient à susciter notre étonnement, ce qui demeure la pierre angulaire du vrai enseignement. Durant cette période, les idées essentielles qui m'ont accompagné le long de la vie se sont forgées et les racines de tout celui qui je devais être se sont implantées.
Lire vous agrandira l'horizon de la vie. Lire vous donnera un regard plus ouvert sur les Hommes et sur le monde et vous aidera à repousser la réalité comme un fait irrévocable. Cette négation, cette révolte sacrée, est la crevasse que nous ouvrons sur l'opacité du monde. À travers elle on peut filtrer une nouveauté qui encourage notre engagement. Priver un enfant de son droit à l'éducation, c'est l'amputer de cette première communauté où les peuples mûrissent leurs utopies. »

La fronde de David

Pour encourager l'autre à lire ...

Sur les chemins vers les communautés dans lesquelles se trouvent nos bibliothèques rurales, ainsi que dans les maisons des bibliothécaires, on peut trouver des affiches encourageant la lecture. Ici, nous partageons une d’entre elles, dont le texte est du poète César Vallejo :

En s’entrelaçant parleront les muets,
les tulipes avanceront!
Les aveugles verront de nouveau
et en palpitant, les sourds écouteront!
Les ignorants sauront, les savants ignoreront!
Les baisers que tu n’auras pas pu donner seront donnés!
Seul la mort mourra!
La fourmi apportera de petits morceaux de pain
à l'éléphant enchaîné
à sa délicatesse brutale;
les enfants avortés reviendront
pour naître parfaits, spatiaux
et tous les hommes travailleront,
tous les hommes engendreront,
tous les hommes comprendront!

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