mardi 24 mai 2011

Au revoir et bienvenue


Agustín de Hipona avait l'habitude de dire : « Donne ce que tu as pour que tu mérites de recevoir ce qui te manque ». Lisa Meixner a fini son étape de bénévolat avec notre organisation et nous voulons remercier sa présence parmi nous, pour nous avoir accompagner dans nos travaux, pour son affection, pour jouer avec les enfants, pour sa solidarité, pour les conversations soutenues, pour avoir chanté avec nous et pour avoir donner du sien au travail; pour les voyages partagés et sa criticité, pour les rires et pour beaucoup plus.
Nous t'attendons l'année prochaine.



Durant deux mois, j'ai eu la possibilité de me faire une idée du travail du Réseau des bibliothèques rurales de Cajamarca. En deux mois, j'ai eu la possibilité de connaître le pays et les gens, les villages avec ses différentes traditions. Et dans ces deux mois, j'ai aussi eu la possibilité de me lier avec ce pays.
Je veux remercier tous les intégrants des bibliothèques rurales et du Programme communautaire pour leur amabilité, leur esprit et leur patience. Merci à tous de m'avoir appris et de m'avoir donné ces possibilités!
Je n’oublierai jamais ces moments, cette expérience, cette terre et ce village.
Je me réjouis déjà à l'idée de revenir l'année prochaine. Merci beaucoup à toute la communauté du Réseau des bibliothèques rurales!

Lisa Meixner

Une exposition et une cérémonie de reconnaissance

La Municipalité provinciale de Cajamarca, à l'initiative de bureau du Tourisme, de l'Éducation et de la Culture, a programmé une cérémonie de reconnaissance pour notre Réseau de bibliothèques rurales pour son 40ème anniversaire.
Le 27 mai, à 10 heures, l'exposition photographique « Terre qui raconte, terre qui lit » sera inaugurée. À 19 h 30, la cérémonie d'hommage et de reconnaissance aura lieu.
Les deux événements seront réalisés dans le Salon consistorial de la Municipalité, Jr. Cruz de Piedra Nº 613.

lundi 16 mai 2011

Des patates!

L'année passée, lors de la foire agricole, les résidents de Cutervo ont réussi à identifier presque 2 000 variétés de pommes de terre cultivées sur leur territoire.

Cela non seulement confirme la biodiversité extraordinaire existante dans notre pays – ce qui peut sonner comme un concept simple –, mais affirme aussi la capacité de la population paysanne à créer des savoirs.

Mais il est encore plus difficile de persister, surtout si le travail peu rentable qu’est l'agriculture n'est ni encouragé comme il devrait l’être, sous toutes ses facettes, ni respecté dans ses critères les plus élémentaires.

En route vers Cutervo, nous avons pu partager les festivités qu’entraîne la récolte des pommes de terre… bien que quelques fois, cela entraîne une situation des plus tristes. Avec des prix complètement déprotégés, un kilo de pommes de terre atteint à peine les 20 centimes de soles1. Puis, de moins en moins… jusqu'à ce qu'il ne soit même plus rentable, en faire la récolte. L'investissement des semailles n'arrive pas à être compensé par les ventes et les ventes n’arrivent pas à payer les travaux de récolte. Et voilà qu’il faut parfois laisser les patates sous terre...

 

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1. Note de la traductrice : Le Nuevo Sol est la monnaie nationale du Pérou. Un sol équivaut environ à 36 centimes de dollar américain (0,36), donc 20 centimes de soles (0,20) équivaut à 7 dixièmes de centime de dollar américain (0,07 $). Taux en date du 17 mai 2011.


Des bibliothèques à Sinchimache!

La zone de Sinchimache se trouve à l'ouest de Cutervo. Le mois passé, dans la communauté de Pajurillo, nous avons tenu l'assemblée générale bimestrielle des Rondas campesinas1.
Onze communautés avaient sollicité l'installation de bibliothèques rurales. Avec la présence de notre conseiller exécutif et de Javier Chilcón, coordinateur du secteur, accompagnés du vice-président des Rondas campesinas de Cutervo, le coup d’envoi a été donné aux travaux pour l’installation de bibliothèques rurales dans ces communautés.
En raison des conditions des routes et du poids de toutes les caisses de livres, les coorganisateurs responsables des bibliothèques, choisis par ces communautés, ont dû se rendre au caserío de La Laguna pour expédier le matériel aux bibliothèques respectives.
Nous avons pu compter sur l'appui du professeur Juan José Díaz Coronado, directeur de l'Unité de gestion éducative locale de Cutervo qui – connaissant déjà la valeur du travail du Réseau – nous a soutenus dans le déplacement de l'équipement jusqu'à cette zone distante.
Il fut aussi encourageant de voir l'enthousiasme, l’effort et la fierté des nouveaux bibliothécaires, marchant sans repos pour accéder au lieu où les livres étaient et revenir chargés de ceux-ci jusqu'à leurs communautés, dont certaines se trouvaient à une distance de plus de cinq heures de marche dans la cordillère.

Lisa Meixner

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1 Note de la traductrice: Les Rondas Campesinas (les Rondes paysannes) est le surnom donné aux organisations communales de défense surgies de manière autonome dans les régions rurales du Pérou dans les années 1970.


De la visite de Puno

Au milieu du mois de mars de cette année, nous avons reçu une aimable lettre du professeur Gervasio Juan Vilca Vilca, maire du district de Santa Lucía, dans la province de Lampa, département de Puno.
Dans ce courrier, celui-ci nous manifestait son intérêt de propager l’expérience des bibliothèques dans tous les caseríos de sa juridiction et demandait de l’information sur les possibilités que nous les accompagnions dans ce processus.
Dans un cas comme celui-ci, nous croyons qu’il est meilleur connaître le terrain avant de proposer une formule, car un modèle ne doit pas être reproduit sans considérer les spécificités de chaque contexte.

Ainsi, nous avons reçu la visite de la professeure Irene Fernández, conseillère municipale aussi de Santa Lucía, qui a participé à quelques jours de réunions intenses avec le Comité central du Réseau et a visité quelques communautés pour observer notre travail.

Ces liens créés nous encouragent et nous apprécions réellement l'enthousiasme des autorités qui sont à la fois des leaders au service de ses communautés.

mardi 10 mai 2011

Arguedas à Cutervo


Durant la troisième semaine d'avril, notre compagnon Alfredo Mires Ortiz, conseiller du Réseau, a visité des bibliothèques rurales dans la province de Cutervo. Afin de profiter de ce séjour, l'Unité de gestion éducative locale l'a invité à donner une conférence sur José Marie Arguedas1.
Avec la présence de presque cent personnes, il a été agréable de voir la participation nombreuse de jeunes, en plus des professeurs et du public en général.
Alfredo a souligné dans son exposition la vigueur de la pensée d'Arguedas, en dénotant l'applicabilité de ses considérations pédagogiques et anthropologiques.
Après l'exposition, un forum de discussion a eu lieu et il a démontré le vif intérêt des participants pour ce sujet.

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1. Note de la traductrice : José Marie Arguedas (1911-1969) est un écrivain et anthropologue péruvien promoteur du métissage des cultures au Pérou.

Noam Chomsky sur la manipulation médiatique

Le linguiste Noam Chomsky mentionne 10 stratégies de manipulation des médias qui sont dignes de prendre en considération. Voici ici les neuvième et dixième de ces stratégies :

9. Renforcer l'autoculpabilité.
Faire croire à l'individu qu’il est le seul coupable de son propre malheur, en raison de l'insuffisance de son intelligence, de ses capacités ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se rebeller contre le système économique, l'individu s’auto-invalide et s'accuse, ce qui génère un état dépressif dont l’un des effets est l'inhibition de son action. Et, sans action, il n'y a pas de révolution!

10. Connaître les individus mieux qu’eux-mêmes se connaissent.
Au cours des 50 dernières années, la progression accélérée de la science a généré une brèche croissante entre les connaissances du public et ceux-là possédées et utilisées par les élites dominantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie et la psychologie appliquée, le « système » a joui d'une connaissance avancée de l'être humain, tant au niveau physique que psychologique. Le système a réussi à mieux connaître l'individu que celui-ci se connaît lui-même. Cela signifie que, dans la majorité des cas, le système exerce un plus grand contrôle et un grand pouvoir sur les individus, plus grand que celui des individus sur eux-mêmes.


Nos aînés nous racontent

La coca bénie
La coca est bénie, racontait mon grand-père. Il disait qu’il y a très très longtemps, quand la Vierge Marie allait donner naissance à l'enfant Jésus, Saint-Joseph fit bouillir une feuille de coca et il lui en donna. C’est pour cela que certains disent que la feuille de coca est plus bénie que toutes les autres plantes.
Autrefois, quand les femmes plus âgées allaient accoucher, elles prenaient aussi de la coca bouillie; même pour un rhume ou un mal de dents, la coca était bonne.
C’est pour ça que dans plusieurs régions, les femmes ont encore l’habitude de flirter en disant qu'avec la boule de feuilles chiquées dans leur bouche, elles sont capables de tisser plus de ponchos et de couvertures et qu’elles n’attrapent aucune maladie, en plus de les rétablir rapidement après l'accouchement. La coca sert à tout; elle est bénie.

Mais maintenant, la feuille de coca est rendue très chère, elle ne s’emploie plus aussi souvent; c’est pour cela que plus de maladies s’infiltrent en nous, jusqu’aux mauvais esprits.

Adela Chávez Cépeda, 85 ans, d'Andamachay.