jeudi 22 décembre 2011

« Sur la cupidité » - I

Lecture à partager : texte de l'essayiste Augustin Squella

Si l'avare est celui qui a et conserve, c'est-à-dire celui qui refuse de donner, le cupide est celui qui a et veut surtout avoir plus, c'est-à-dire celui qui ne peut résister à l'envie de remplir encore et encore son silo qui déborde déjà de richesses.

La cupidité est une contraction, tandis que la cupidité est un problème constant, non pas pour conserver ce qu'on possède, mais bien pour avoir de nouveau ce qu'on a déjà. Si l'avidité est triste, l'avidité est à peine anxieuse.

La personne avare ne veut pas soustraire, tandis que le tempérament avide ne cherche qu'à additionner. L'avare ferma le coffre, cache la clé et regarde les jours par la serrure pour surveiller que vérifier si tous ses biens sont là; à l'inverse, les avides ne pensent qu'à la façon de cultiver les voûtes de leur coffre-fort et cela les rendent nerveux de constater que leurs biens ne sont pas multipliés.

Si l'avare est un problème pour votre voisin, le cupide est un plus grand danger encore pour ses semblables. Le premier est seulement intéressé par ce qui lui appartient, mais le deuxième jette plutôt son attention sur ce qui appartient aux autres. Le premier a terriblement peur de voir diminuer ce qu'il a gagné, tandis que l'autre souffre d'angoisse de ne pas avoir gagné suffisamment. Le premier supporte mal l'idée qu'on le prive de quelque chose qu'il possède déjà, tandis que l'autre tolère encore plus mal l'idée qu'on puisse toujours avoir plus. La cupidité est donc vice passif, tandis que la cupidité exige une incessante imagination et activité.


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